LE CHENE ET LE ROSEAU (SUITE)

08/11/19

La statue de Coutheillas est donc à Saint-Junien. Mais elle vient  (déjà) d'être vandalisée, selon le site du journal local "La nouvelle abeille de Saint-Junien", à la date du 7 novembre 2019, 00h58.

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LE PROJET D’AMENAGEMENT DE LA CASERNE MARCEAU

11/08/19

La municipalité de Limoges vient de révéler un projet d'aménagement de l'ancienne caserne Marceau. Pour ce faire, une matinée portes ouvertes avait lieu le 8 juin 2019, sur le site, pour présenter les grandes lignes de ce projet et recueillir les avis des citoyens, puis, les 19 et 21 juin étaient organisés deux « ateliers participatifs » au cours desquels des habitants du quartier, représentants du monde économique et des associations étaient appelés à donner leurs avis et suggestions sur le projet. Enfin, depuis le 27, une exposition est en cours à la Bibliothèque Francophone Multimédia, en centre-ville, avec une urne destinées à recueillir les avis.

Marceau (pl) 001-20 - vue aérienne - quartier Marceau - 15e RCS - Photothèque P. Colmar

Pour le comprendre, il convient de partir de la situation actuelle, résumée dans le plan ci-joint. Il convient aussi de s'imprégner de l'idée que cet ensemble urbain a été édifié en 1874, au moment où, après la désastreuse guerre de 1870-1871 contre la Prusse, la France créait une armée de métier ; il fallait loger les conscrits qui allait affluer. Ce sont donc des bâtiments-types, que l'on trouve dans toutes les casernes édifiées à la même époque en France. Ce qui fait l'originalité de celle-ci, c'est la disposition, selon une longue perspective partant du carrefour de l'avenue Garibaldi avec l'avenue de Turenne et aboutissant au pavillon désigné sous le nom de « pavillon de l'Horloge ».

Ceci rappelé, le projet municipal vise à créer un « éco-quartier » avec un « tiers lieu » selon des concepts, comme on sait, très en vogue. Les activités commerciales seraient vers la place Marceau (avec aussi une extension du marché du samedi) et le secteur résidentiel en fond de parcelle. La place Marceau serait littéralement lotie, entre un parking au nord (A du plan page suivante), une bande bâtie (B), une place triangulaire entre la rue Théodore-Bac et le site de la caserne (C), et une autre partie, actuellement jardinet public, qui serait aussi bâtie quoique ce jardin soit classé « espace vert protégé » par la ZPPAUP de Limoges (B). Un mail piéton, bordé d'arbres, traverserait le site (D) pour ressortir après un coude et au prix de l'expropriation d'un jardin privé et du rattrapage d'un dénivelé, rue du Chinchauvaud vers la passerelle du même nom (E). Une rue à double sens de circulation traverserait le site dans sa longueur, partant de la place Marceau, longeant le casernement septentrional et sortant, après un indispensable double virage, rue du Chinchauvaud, en face de la rue Rodin, ce qui exigera l'expropriation et la démolition d'une belle maison particulière en granit et le rattrapage d'un dénivelé (F).  Un autre cheminement piéton (G) partirait de la rue d'Argenton, au débouché de la rue de la Souterraine, pour gagner la rue Charpentier, juste en face de l'impasse Babeuf. Une esplanade piéton s'étendrait entre le casernement méridional et le mail piéton central (H) ; le marché du samedi pourrait s'y étendre. Tout le reste du site serait livré à la spéculation immobilière, sauf deux parkings « en silo », autrement dit aériens, appuyés contre le dénivelé de la rue d'Argenton.

Venons-en à ce qui concerne le patrimoine. Un mail piétons, bordé d'arbres, marquerait donc l'axe du site (D du plan). Sauf que...

> Sauf que les pavillons d'entrée, milieu de la perspective, et les écuries en fond, y compris le pavillon de l'Horloge, point focal de la perspective, seront rasés.

> Sauf que le point focal de la perspective, le pavillon de l'Horloge, sera remplacé par un virage entre des immeubles.

> Sauf que les alignements actuels de platanes, quoique protégés par la ZPPAUP, seront abattus et replantés ailleurs, pour rétrécir l'esplanade centrale (ce qui permettra de livrer de plus grandes surfaces à la spéculation immobilière).

> Sauf que des constructions doivent être élevées devant l'ancien casernement du nord, mais « sans le cacher », selon ce qui fut dit lors de la visite. Et une rue passera devant. Par contre, devant le casernement du sud, symétrique du précédent, s'étendra une esplanade.

Bref, depuis des années et lors de la visite et des ateliers, des citoyens se sont mobilisés pour rêver de la réhabilitation et de la réutilisation de ces lieux ; de nombreuses idées intéressantes ont été proposées. Ce qui est projeté, par contre, par la Ville, c'est une démolition en vue de livrer l'espace aux promoteurs immobiliers. Dans une ville d'Art et d'Histoire.

Mais rappelons ce que signifie ce label. Relisons l'ouvrage du cabinet AD&D intitulé « Limoges, ville d'art et d'Histoire », paru en avril 2009, préfacé par M Rodet, maire, et reprenant le dossier qui a permis la labellisation en 2008. Page 152 : « Les professionnels de l'architecture, de l'urbanisme et du paysage, et particulièrement les personnels des collectivités locales, notamment les services travaillant sur l'aménagement urbain, mais aussi les promoteurs, les architectes, les maîtres d'ouvrage et les maîtres d'œuvre, publics et privés, forment le troisième groupe à prendre en compte. Il s'agit de les inciter à intégrer davantage un ''réflexe patrimoine'' dans leur action quotidienne, à l'instar de ce qu'est devenue au fil du temps la démarche de développement durable, elle-même issue d'une sensibilisation progressive aux questions d'environnement ». Où se trouve le « réflexe patrimoine » dans ce projet émanant des « personnels des collectivités locales, notamment les services travaillant sur l'aménagement urbain ».

Lors de la visite, le représentant de RVL a annoté sévèrement le carnet distribué aux visiteurs pour donner leurs avis. Lors du premier « atelier participatif », il a lu une déclaration volontairement dure. Lors de la discussion qui suivit, et qui porta imperturbablement sur le projet municipal, nous avons rencontré le soutien de plusieurs participants, en particulier de M Nicolas Simonnet, conservateur des Monuments Historiques en retraite ; ses compétences sont incontestables, et ses avis furent donc pour votre président un appui précieux. Car lui aussi rappela et défendit avec force le parti-pris en forme de perspective pour cette caserne ; il avait adressé à la Ville un excellent mémoire sur ce sujet.

Au cours de la réunion, le président de RVL a avancé des idées, qu'il a ensuite développé dans un contre-projet présenté lors du second « atelier participatif ». Il s'agit de conserver tous les éléments de la belle perspective architecturée et arborée, en restituant les façades en dents-de-scie de l'ancienne écurie récemment démolie (A du plan ci-dessus). Au centre, une esplanade permettra au marché du samedi de se déployer (B), avant un espace vert central (C).  Le cheminement central piéton traversera aisément le pavillon de l'Horloge (D) pour ressortir naturellement par l'impasse des Moineaux. Une voie de circulation automobile, a sens unique, en U, desservira symétriquement l'espace central en contournant le pavillon de l'Horloge (F). Une autre voie (G) également ouverte aux voitures, mais à double sens, gagnera, sans expropriation ni rattrapage de dénivelé, la rue Charpentier par le secteur actuellement en pente douce (17 du plan de la page 1). Le cheminement piéton allant de la rue d'Argenton à la rue Charpentier (H du plan ci-dessous) descendra les dénivellement le long des murs, pour passer entre les anciens casernements et les écuries/garages, et sortir en face de la rue Baignol au lieu de l'impasse Babeuf. L'intégrité de la place Marceau serait respectée, mais cet espace doit être réhabilité.

Nous avons remis le plan de ce contre-projet aux participants du 2 atelier et aux responsables de l'opération municipale présents : les premiers furent intéressés mais les derniers l'ont simplement ignoré. Et la discussion sur le projet de la Ville a à nouveau été longue, mais n'a porté que sur des détails.

Peu de jours après, un échange bref et impromptu avec M le maire n'a pas permis d'avancer dans le débat ; nous avons donc sollicité un rendez-vous à son cabinet.

La question qui se pose est triple ? Le projet municipal, contredit par bien des citoyens, est-il opportun ? Est-il légal, puisque contredit par la ZPPAUP et un avis de l'Architecte des Bâtiments de France de 2015 ? A-t-il seulement été étudié ? ...

 

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Limoges, ville rebelle des temps mérovingiens à mai 68

01/04/19

Dans la collection « À la découverte du Limoges ancien », Jean-Marc LAFAYE et Michel TOULET proposent une étude minutieuse et scrupuleuse des limougeauds, rebelles au fond de l’âme.

Cet ouvrage très fouillé vous fera entrer dans le passé âpre et difficile de nos anciens qui ont toujours su lutter pour acquérir et garder leurs libertés.

C’est également le complément de notre Bulletin de Liaison n° 87 qui accompagnait une exposition sur ce thème en octobre 2018, à la Maison du Peuple de Limoges.

Cet ouvrage est en vente à notre siège social :

Limoges, ville rebelle des temps mérovingiens à mai 68
Format 21 X 29,7 cm
90 pages

Prix d’achat : 12 € + frais d’envoi 5 €

 

LE CHENE ET LE ROSEAU A SAINT JUNIEN ?

22/02/19

Orsay (jardin d') 004-6 - Chene et Roseau - Phototheque Paul Colmar Lors de la séance de la commission municipale du patrimoine du 15 janvier 2019, il a été question du sort des statues qui ornèrent la voie publique ; M Pauliat-Defaye, maire-adjoint en charge du patrimoine, annonca que l'œuvre de Coutheillas "Le chêne et le roseau", devait être envoyée à Saint-Junien.
 Le motif avancé était que le sculpteur fut un disciple de Corot. Le représentant de RVL s'est aussitôt insurgé contre cet envoi pour un motif spécieux, le peintre impressionniste ayant résidé et travaillé bien plus au Mas-Bilier, commune de Limoges, qu'au bord de la Glane. Puis le conseil de l'association, informé, a décidé d'agir, en adressant un courrier à M Lombertie, maire de Limoges :

« Monsieur le Maire,

Au cours de la dernière commission consultative municipale du patrimoine historique et archéologique, j'ai appris avec étonnement que vous compteriez abandonner la statue ''Le Chêne et le Roseau'', de Coutheillas, qui fut dans le jardin d'Orsay (puis dans celui de l’Évêché), à la commune de Saint-Junien, pour l'installer au site Corot.

Cette statue est très emblématique de Limoges, figurant sur de très nombreuses cartes postales et illustrant tous les ouvrages sur le Limoges ancien. Elle fait partie du patrimoine de notre ville et nous ne voyons aucune raison valable à son déplacement. Nous demandons au contraire sa réintégration dans un parc de notre ville, par exemple, le parc Victor-Thuillat.

J'adresse une lettre dans le même sens à Monsieur le Maire de Saint-Junien. Je vous prie, etc. »

 Nous avons en effet adressé à M Allard une lettre un peu différente, pour l'adapter au destinataire.

 Nous avons en outre fait connaître notre protestation par la presse.

 Le maire de Saint-Junien nous a répondu par lettre en date du 14 février.

« Monsieur le Président,

J'ai pris connaissance avec beaucoup d'intérêt de votre récent courrier par lequel vous souhaitez que l'œuvre  du sculpteur Henri Coutheillas, dénommée ''Le chêne et le roseau'' puisse retourner à Limoges.

Je comprends tout à fait votre intérêt patrimonial pour cette sculpture qui, depuis trop longtemps, végétait dans le dépôt des services techniques de la ville de Limoges, ainsi livrée aux intempéries et aux herbes folles.

C'est pourquoi c'est sans aucune volonté d'appropriation que la ville de Saint-Junien, poursuivant la mise en valeur de l'œuvre de Henri Coutheillas, a entamé des démarches pour valoriser cette sculpture en déshérence. Nous avons donc effectué toutes les démarches légales auprès du Ministère de la culture (CNAP) et à la ville de Limoges, pour demander la mise en dépôt de cette œuvre, propriété de l'Etat, à Saint-Junien, où nous avons pour projet son installation sur le domaine public, après avoir procédé à sa restauration selon les règles de l'art.

Il est donc dommage de constater que nul ne se souciait de cette statue, remisée au ''diable vauvert'' sous le lierre et dans la boue, oubliée de tous, et qu'il a fallu que Saint-Junien s'en préoccupât en mémoire de Henri Coutheillas, pour procéder à sa restauration et lui rendre son intégrité. Saint-Junien est donc légitime dans son action de sauvegarde de cette œuvre.

Enfin et sur un plan culturel plus général, la municipalité de Saint-Junien a, depuis plusieurs années, marqué sa volonté de célébrer les artistes limousins et singulièrement Henri Coutheillas, l'ami de Jean Teilliet. Une voie de la ville, près de la place Lacote, a été dénommée rue Henri-Coutheillas en l'honneur de ce sculpteur.

Pour renforcer cette légitimité historique, il est important d'indiquer que, lors de la constitution du musée municipal par le même Jean Teilliet, un première salle fut inaugurée en 1927. Cette salle était exclusivement consacrée aux œuvres de Henri Coutheillas, léguées par sa veuve à la ville de Saint-Junien, en mémoire de l'attachement de son mari pour cette ville et son amitié pour Jean Teilliet. Dans la salle Coutheillas du musée, les visiteurs pouvaient admirer, entre autres, le plâtre original de la tête du ''roseau''.

Il n'y a donc nulle volonté de notre part de priver les habitants de Limoges de cette œuvre d'art. Mais au travers de ces quelques indications, le souhait de vous inviter à la conciliation sur ce dossier. Je vous prie, etc. »

 Ainsi, et en croire ce courrier, la statue aurait « végété dans le dépôt des services techniques de la ville de Limoges, ainsi livrée aux intempéries et aux herbes folles » ; elle aurait été « remisée en ''diable vauvert'' sous le lierre et la boue, oubliée de tous ». Or, par lettre en date du 2 février 2015, suite à une de nos interventions, il nous fut écrit : « le service des espaces verts conserve, dans les conditions requises, certaines statues (Le chêne et le roseau et Daphnis), anciennement installées dans les jardins. Comme  vous  pouvez  le  constater, le  patrimoine auquel vous faites référence n'est pas laissé à l'abandon ». Que conclure ?

Ci-dessous :

L'avis de Laurent Bourdelas, écrivain et homme de culture.